Publié le 03/12/2021
« Il est bien plus avantageux de découvrir ses défauts de management en Junior-Entreprise, qu’en entreprise ! » Joséphine FEDOU, auditrice interne et PMO chez Ipsen, nous explique comment son expérience de junior-entrepreneuse l’a aidé dans sa carrière dans l’industrie pharmaceutique.
AMS : Peux-tu nous parler de l’entreprise dans laquelle tu travailles : Ipsen ?
Joséphine FEDOU : Oui. Ipsen, c’est un laboratoire pharmaceutique français, au même titre que Sanofi. C’est un laboratoire familial qui a été fondé dans les années 1920 par la famille Beaufour, qui est toujours actionnaire majoritaire. On est maintenant à peu près 6 000 employés dans le monde.
À l’origine, la famille avait trouvé de l’argile dans son jardin et grâce à cet argile, ils ont créé le Smecta. C’est ainsi que l’entreprise a su grandir rapidement et elle a continué à se développer par la production de produits de lutte contre des cancers particulièrement rares. C’est une belle preuve de réussite entrepreneuriale française.
AMS : Et toi, quel est ton poste dans cette entreprise ?
JF : Alors j’ai deux casquettes. Je suis auditrice interne et Project Management Officer (PMO). Avec ce second métier, je coordonne l’ouverture de notre filiale au Japon.
AMS : Qu’avais-tu fait avant de devenir auditrice interne chez Ipsen ?
JF : J’étais à AMS Conseil en tant que trésorière. J’ai gagné mon premier stage chez EY Paris grâce à AMS. Ensuite, je suis allée chez Sanofi dans l’équipe d’audit interne pour 6 mois de stage, en césure. EY m’a ensuite proposé un CDI en conseil et gestion des risques. Je n’avais pas envie de retourner en audit financier, j’avais envie de faire de la gestion de risques. Je suis restée chez EY pendant un an et Sanofi m’a rappelée et m’a proposée un VIE en tant qu’auditrice interne, à New York. J’y suis restée pendant un an et demi. Puis Ipsen m’a démarchée. Aujourd’hui, cela fait un an et demi que j’y suis en tant qu’auditrice interne séniore. Mon périmètre est international, tandis que chez Sanofi il était régional, sur le continent Américain. C’est l’avantage des plus petites entreprises !
En tant qu’auditeurs internes, on est un peu les pompiers ou les policiers de l’entreprise. On est envoyé dans un pays X pour gérer un problème Y. Ça peut concerner la R&D, la Supply Chain, la Finance, les RH, ou encore l’Éthique (qui est très importante pour les laboratoires pharmaceutiques). On est donc très polyvalents. Le but est de s’assurer que les risques pris soient bien gérés, et c’est aussi de donner de la visibilité au Top Management sur ce qui se passe dans les filiales.
AMS : Ton travail d’auditrice interne te permet donc de voyager dans le monde entier ?
JF : Oui. Je pars d’ailleurs à Dubaï après-demain pour auditer le siège de la région Moyen-Orient. C’est là que sont gérés tous les distributeurs du Moyen-Orient.
AMS : Peux-tu nous parler un peu plus de ton second travail de PMO ?
JF : En tant que PMO, nous sommes plus ou moins le chef d’orchestre d’un projet. Par exemple, Ipsen n’a pas encore de filiale au Japon mais souhaite en ouvrir une. Entre le début et la fin du projet, il y a toute une série d’étapes qui font intervenir des compétences complétement différentes. Il y a des parties sur la législation, sur le recrutement, la localisation de nouveaux bureaux, la budgétisation, les nouveaux produits et comment ils devront être lancés, la détermination du nombre de patients sur le marché ou encore sur les revenus prévisionnels. Donc il y a énormément d’analyse et de travail de préparation.
Ce projet-là a été lancé il y a déjà un an mais a commencé officiellement il n’y a qu’un mois. La filiale vient donc juste de s’ouvrir. Mon rôle est d’identifier toutes les étapes clés, quelles qu’elles soient, pour amener à l’ouverture et opérationnalité de la future filiale. Mais j’identifie aussi toutes les personnes de l’entreprise qui peuvent réaliser ces différentes étapes. Mon rôle est aussi de cadrer le sujet et de fixer des échéances. C’est donc de la logistique et du management horizontal et transversal, puisqu’il concerne énormément de personnes différentes dans l’entreprise.
AMS : En termes d’emploi du temps, tu dois être énormément prise ?
JF : Oui, je travaille beaucoup ! Mais je mets un point d’honneur à garder une vie personnelle. Cela représente donc beaucoup d’organisation, mais aussi apprendre à dire non et à mettre des limites. C’est ce que je trouve le plus difficile finalement dans mon travail… !
Je commence ma semaine le lundi à 8h et je pars à 19h30 maximum.
AMS : L’audit te permet-il d’avoir une certaine flexibilité en termes d’horaires de travail ?
JF : Oui, l’audit implique une très forte saisonnalité, ce qui n’est pas du tout le cas pour le travail de PMO, parce que là, si je ralentis la cadence pendant deux jours, le projet perdra énormément en efficacité. En revanche, l’audit interne, soit on est en mission et on travaille énormément, soit on est entre deux missions et c’est plus détendu.
AMS : Tu étais particulièrement intéressée par la pharmaceutique ou c’était un hasard d’arriver dans ce milieu ?
JF : Non, ce n’était pas un hasard. J’ai fait mon premier stage en pharmaceutique chez Novartis, le leader mondial dans le domaine. J’ai eu ce stage pendant un été, alors que j’étais chez AMS. J’ai donc fait mes deux stages d’été en pharmaceutique. J’ai adoré cette industrie et je ne l’ai jamais quittée.
AMS : Qu’avais-tu fait avant ton arrivé à AMS ?
JF : J’ai fait un bac scientifique, spécialité mathématiques. J’ai ensuite fait deux ans de classe préparatoire ECS, à Toulouse. J’ai ensuite passé mes concours et je suis allée étudier à Kedge Business School. J’ai alors tout de suite voulu intégrer la Junior-Entreprise car j’avais envie de travailler. J’ai ensuite postulé pour devenir Trésorière, poste auquel j’ai été élue.
AMS : As-tu gardé des liens avec les anciens de ta promo AMS (2015-2016) ?
JF : Oui absolument. Je suis restée très proche de la présidente de l’époque. Et au total, je pense avoir gardé 6 très bons amis de ma promo AMS.
AMS : Que retiens-tu de ton expérience AMS ?
JF : C’était une expérience très positive, qui m’a beaucoup aidée pour la vie d’entreprise. Ma responsabilité m’a énormément appris sur mes défauts de management. Et évidemment, il est bien plus avantageux de les découvrir en Junior-Entreprise, qu’en entreprise ! AMS, c’était aussi de vraies problématiques, notamment financières. Les décisions ne sont pas toujours faciles à prendre mais ce sont les mêmes qu’en entreprise. Cette expérience m’a donc permis de gagner énormément en maturité.
AMS : Aurais-tu des conseils à donner à un jeune junior-entrepreneur ?
JF : Il faut s’investir à fond, jouer le jeu à 300%. Ne pas avoir peur de prendre des risques mesurés. C’est le moment d’essayer. Tout faire pour apprendre à travailler en groupe. Toutes les problématiques que vous rencontrerez en Junior, vous les rencontrerez en entreprise. Donc c’est le moment de tout essayer.
Rédacteur : Thomas PRUVOST – Responsable Recherche & Développement chez AMS Conseil et Étudiant en Master 1 Finance.